samedi 15 octobre 2011

Les chroniques matutinales de Philippe Meyer

Il y a un nombre certain d'années, j'écoutais avec délices France-Inter le matin avec comme seul et unique objectif de ne pas louper les chroniques de Philippe Meyer. C'était le rayon de soleil de ma matinée qui m'aidait à démarrer d'un bon pied et le sourire aux lèvres.
J'ai récemment commencé à relire ses textes qui m'avaient laissé un si bon souvenir en empruntant "Le progrès fait rage" édité en Folio en 1995, premier tome des recueils de ses chroniques.
Je ne résiste pas à l'envie de vous en retranscrire quelques-unes (mais je ne les posterai pas toutes à la fois).
Même si elles mentionnent parfois des francs et datent un peu, elles sont toujours aussi délicieuses et/ou judicieuses.


Le mal du siècle


Heureux habitants du Var et des autres départements français, vous ne l'ignorez pas, et je m'efforce périodiquement de vous le rappeler, le stress est le mal de cette fin de siècle. On l'étudie incessamment et je viens de prendre connaissance d'une nouvelle recherche internationale qui propose un classement des pays industrialisés en fonction du stress subi par leurs habitants. Les Etats-Unis viennent en tête, les Espagnols en queue.


Si les Etats-Unis occupent cette peu enviable position, c'est en raison de ce que les chercheurs ont baptisé le syndrôme californien. C'est à tort, en effet, que l'on considère la Californie, sa richesse et son climat comme une antichambre des jardins d'Allah. Les études de nos spécialisent ès stress montrent que la population de cet Etat est devenue obsédée par ce que nous appelons "la forme". Aussi les Californiens sont-ils bombardés de programmes télévisés, d'émissions de radio et d'articles de presse qui tantôt leur indiquent ce qu'ils doivent faire pour se maintenir en excellente santé et tantôt leur infligent les plus sévères admonestations sur ce dont ils doivent impérativement s'abstenir. Cela constitue déjà une pression considérable.


Elle est aggravée du fait que les doctrines sur ce qui est bon et ce qui est mauvais sont éminemment fluctuantes. Une année le cholestérol est un poison, l'année suivante il est un remède. Une année le jogging est un impératif absolu, l'année suivante il vous conduit prématurément au tombeau. Tant et si bien que les Californiens ont fini par suspecter que tout est mauvais pour la santé et qu'ils craignent perpétuellement de mal faire. Leur période de plus grand stress est d'ailleurs leur période de vacances où, livrés à eux-mêmes, il leur faut passer 24h par jour à slalomer entre les recommandations et les avertissements.


A l'inverse, les Espagnols semblent, pour la plupart d'entre eux, se soucier assez peu de leur forme. "Ils vont chez leur médecin lorsqu'ils sont malades, observent nos chercheurs, tandis que les Californiens consultent pour savoir s'ils sont bien." Le travail lui-même ne paraît pas avoir prise sur les Ibères et l'étude note avec un certain étonnement admiratif que, dans les entreprises et les bureaux espagnols, 81% des salariés déclarent prendre des pauses, je cite, "sans raison particulière, pour bavarder, plaisanter ou prendre un café." On ne s'étonnera donc pas que les vacances ne stressent nullement les Espagnols : ils s'y préparent bien trop activement pendant les heures de travail.


Je vous souhaite le bonjour.

Nous vivons une époque moderne.

1er décembre 1994

2 commentaires:

  1. Bonsoir Iza. Ton texte est très intéressant. Le stress est vraiment le mal de notre époque. Je pense que tu vas bien. Actuellement, je n'ai même plus le temps de faire de nouvelles photos. Je pioche dans mes anciennes. Je fais de gros travaux de rénovation et je commence tout juste à savoir me servir d'un fil à plomb. Je vais te souhaiter de passer une bonne et douce nuit. Amicalement Antoine.

    RépondreSupprimer
  2. Ah, si j'étais sur place, je te donnerais un coup de main avec le fil à plomb !
    Pas grave pour les photos, j'ai rarement le temps de me promener tranquillement sur le net, ces temps-ci. Bonne soirée, Antoine ;)

    RépondreSupprimer