dimanche 14 août 2011

Arnaldur Indridason : Hiver arctique

(toujours aux éditions Métailié même si je l'ai lu en anglais, il était plus rapidement disponible ainsi, tout le monde se jette sur ses romans à ma bibliothèque !)

"Le corps d'un petit garçon était couché dans la neige lorsque la voiture d'Erlendur est arrivée au pied de l'immeuble de banlieue, en cette fin d'après-midi glaciale de Reykjavik. Il avait douze ans, rêvait de forêts, ses parents avaient divorcé et sa mère venait de Thaïlande, son grand frère avait du mal à accepter un pays aussi froid. Le commissaire Erlendur et son équipe n'ont aucun indice et vont explorer tous les préjugés qu'éveille la présence croissante d'émigrés dans une société fermée. Erlendur est pressé de voir cette enquête aboutir, il néglige ses autres affaires, bouscule cette femme qui pleure au téléphone et manque de philosophie lorsque ses enfants s'obstinent à exiger de lui des explications sur sa vie qu'il n'a aucune envie de donner. La résolution surprenante de ce crime ne sortira pas Erlendur de son pessimisme sur ses contemporains."

Dans ce roman-ci, c'est un meurtre et non une disparition qui est à l'origine de l'histoire, même si d'autres disparitions ont lieu au fil des événements. A chaque épisode des enquêtes d'Erlendur, Sigurdur Oli et Elinborg, un aspect différent de la société islandaise est évoqué. Là, il s'agit principalement de l'émigration et de l'acceptation problématique des émigrés dans une île où la population est si peu nombreuse et très attachée à sa langue et sa culture.
Erlendur est d'autant plus frappé par le meurtre d'Elias, ce petit garçon de 10 ans, que tout le monde trouvait adorable et plein de bonne volonté, qu'il lui rappelle son frère mort lui aussi tout seul dans le froid et que son ancienne collègue Marion Briem se retrouve à l'hôpital en soins palliatifs. Il fait la comparaison avec la fin qui l'attend probablement et ça ne le rend pas joyeux (mais qui imagine Erlendur joyeux) !
Mais d'autres thèmes abordés sont aussi la solitude, le couple, la trahison, la confiance, le renouveau.
Une légère touche de fantastique qui était apparue dans le roman précédent à travers la présence d'une médium à l'hôpital trouve un peu plus de développement ici à travers les rêves, je suis curieuse de voir à quels développements ça va mener. On en apprend encore un petit peu plus sur Sigurdur Oli, les relations commenceraient-elles à se dénouer entre Erlendur et Eva Lind ? Arnaldur Indridason a l'art de distiller ses informations par petites touches qui me donnent envie de sauter sur les romans suivants pour en apprendre plus ! D'ailleurs, j'ai réservé Hypothermie et La rivière noire et j'attends avec impatience que leurs lecteurs actuels les ramènent. Comment ça, je suis accro ?! Mais c'est que ces romans sont terriblement prenants

Un extrait d'une interview de l'auteur sur Wikipédia :
Je m'intéresse aussi aux squelettes qui collent aux basques des vivants. Ce qui m'intéresse le plus, ce sont les "squelettes vivants", pourrait-on dire. Mes romans traitent de disparitions, mais ils ne traitent pas principalement de la personne qui a disparu, plus de ceux qui restent après la disparition, dans un état d'abandon. Je m'intéresse à ceux qui sont confrontés à la perte. Ce sont ces gens-là que j'appelle les "squelettes vivants" : ils sont figés dans le temps.

Quelques extraits :

"Peut-être que le même système était opérationnel quand il avait été élève ici à la fin des années 70. Au siècle dernier. Il se sentit plus vieux de 10 bonnes années quand cette fichue phrase lui traversa l'esprit. Au siècle dernier." (Il n'y a pas qu'à Sigurdur Oli que ça fait ce coup-là, moi aussi quand j'y pense !)

"Elle détailla Sigurdur Oli du regard, avec sa coupe de cheveux courte et soignée, sa cravate impeccablement nouée, sa chemise blanche et son imperméable noir sur un complet sombre, et l'interrompit avant même qu'il puisse se présenter.
"Non merci", sourit-elle. "Je ne crois pas en Dieu."
Puis elle lui referma la porte au nez".

"Il avait lu ce récit plus souvent que n'importe quel autre dans sa vie et le connaissait par coeur, mot pour mot. Il était impartial et impersonnel, bien qu'il rendait compte de la mort solitaire d'un garçon de 8 ans. Il ne faisait pas mention de la dévastation que l'incident avait imprimée dans le coeur de ceux qui l'avaient vécu. Cette histoire ne serait jamais écrite."

"Niran n'était pas un Islandais et n'avait pas envie d'en devenir un, mais vivre là dans l'Arctique signifiait qu'il ne pouvait pas non plus se considérer comme un Thaï. Il réalisait qu'il n'était ni l'un ni l'autre. Il n'appartenait à aucun pays, n'appartenait à rien sauf à un no man's land invisible et intangible. Avant, il n'avait jamais eu à réfléchir sur ses origines."

"- Vous n'avez pas versé de larmes, avait observé Erlendur.
Gudny, l'interprète, était également là.
- J'ai assez pleuré, avait répondu Sunee.
Gudny avait regardé intensément Erlendur en traduisant les paroles de Sunee.
- Je ne voudrais pas qu'il s'inquiète trop, avait expliqué Sunee. Sinon, ce sera bien plus difficile pour lui de rejoindre le ciel. Cela lui compliquera la tâche s'il doit nager à travers mes larmes."







4 commentaires:

  1. Merci Florian, j'espère qu'il fait beau en Bretagne ? Nous on a du soleil en Bourgogne !

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  2. Bonsoir Iza. Comme tu le commentes, ce livre doit être en effet captivant. Je pense que tu vas bien. A Bourges campagne, le temps est gris. Je vais te souhaiter de passer une excellente soirée. Amicalement Antoine.

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  3. En Bourgogne, nous avons eu un temps superbe ! Merci Antoine et bonne journée à toi ;)

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