
J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché d'être heureux.
Je crois y être parvenu.
Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie.
Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu."
Le récit d'un homme, par ailleurs écrivain-voyageur, qui décide d'aller passer du temps dans le silence, la contemplation, pour savoir s'il possède une vie intérieure. Un récit que je relirai volontiers et qui figurera dans ma bibliothèque personnelle, pour l'avoir sous la main, pour pouvoir le partager. Pas de prêchi-prêcha contrairement à ce que d'autres ont pu dire ou écrire, des pointes d'humour, et surtout, surtout, la contemplation et l'harmonie avec la nature.
Je ne suis pas suffisamment en forme pour en faire une critique éclairée qui vous donnerait envie de le lire, aussi je laisse parler l'auteur. Extraits :
"Quinze sortes de ketchup. A cause de choses pareilles, j'ai eu envie de quitter ce monde. "
"D'où vient le mauvais goût ? Pourquoi y a-t-il du lino plutôt que rien ? "
"J'ai atteint le débarcadère de ma vie. Je vais enfin savoir si j'ai une vie intérieure."
"Habiter joyeusement des clairières sauvages vaut mieux que dépérir en ville."
"En ville, chaque acte se déroule au détriment de mille autres. La forêt resserre ce que la ville disperse."
"Puisque nous ne pouvons continuer à viser une croissance infinie dans un monde aux ressources raréfiées, nous devrions ralentir nos rythmes, simplifier nos existences, revoir à la baisse nos exigences. On peut accepter ces changements de plein gré. Demain, les crises économiques nous les imposeront."
"Les organismes biologiques animaux et végétaux se côtoient dans l'équilibre. Ils se détruisent, se tuent et se reproduisent en harmonie. Le solfège est bien réglé. Les cortex frontaux humains, eux, ne parviennent pas à coexister tranquillement. Nous jouons désaccordés."
"L'homme libre possède le temps. L'homme qui maîtrise l'espace est simplement puissant. En ville, les minutes, les heures, les années nous échappent. Elles coulent de la plaie du temps blessé. Dans la cabane, le temps se calme. Il se couche à vos pieds en vieux chien gentil et, soudain, on ne sait même plus qu'il est là. Je suis libre parce que mes jours le sont."
"- J'aime les Allemands, dit Sergueï.
- Ah oui, la philosophie, leur musique...
- Non, les voitures."
"En ville, le libéral, le gauchiste, le révolutionnaire et le grand bourgeois paient leur pain, leur essence et leurs taxes. L'ermite, lui, ne demande ni ne donne rien à l'Etat. Il s'enfouit dans les bois, en tire substance. Son retrait constitue un manque à gagner pour le gouvernement. Devenir un manque à gagner devrait constituer l'objectif des révolutionnaires."
"J'imagine le pauvre hère cueillant l'oignon sauvage pour accommoder ses ombles, parlant aux oiseaux et laissant les restes des poissons sur la grève à la disposition des renards. Il n'y a que chez moi, à Paris, que les intellectuels nourrissent une fascination à l'endroit des salauds et héroïsent les criminels."
"Il faudrait lui expliquer que ces mouvements sont des manifestations de colère sociale et que l'origine ethnique de leurs acteurs, si elle impressionne les Russes, n'est pas évoquée par les commentateurs français. Il faudrait lui dire qu'il ne s'agit pas de révolution. Ces troubles à l'ordre public ne visent pas à renverser le monde bourgeois mais à y accéder. Entend-on les jeunes gens réclamer liberté, puissance et gloire ? Pourquoi brûle-t-on les voitures dans ces couronnes de misère ? Pour critiquer les ravages de la technique et du marché sur les sociétés ou par dépit de ne pas posséder les plus belles et les plus grosses d'entre elles ?"
"Je retenais de ces rencontres qu'ils accordaient un prix immense à la reconnaissance vestimentaire, cultivaient l'esprit de quartier et le conformisme comportemental, aiment les objets coûteux, développaient un souci maladif de l'apparence, croyaient à la loi des forts, ne nourrissaient pas beaucoup de curiosité pour l'autre et possédaient leurs codes de langage : les signes distinctifs de l'esprit bourgeois."
"Je suis venu ici sans savoir si j'aurais la force de rester, je repars en sachant que je reviendrai. J'ai découvert qu'habiter le silence était une jouvence. J'ai appris deux ou trois choses que bien des gens savent sans recourir à l'enfermement. La virginité du temps est un trésor. Le défilé des heures est plus trépidant que l'abattage des kilomètres. L'oeil ne se lasse jamais d'un spectacle de splendeur. Plus on connaît les choses, plus elles deviennent belles."
"J'ai été libre car sans l'autre, la liberté ne connaît plus de limites."
Je ne me vois pas dans une cabane de Sibérie loin de tout par -30°, mais... j'ai été tentée de faire l'expérience !
Merci pour l'info ... Je note pour voir s'il est disponible à la bibliothèque !
RépondreSupprimerBises
Il est souvent très réservé à la bibliothèque ! Mais tu auras une belle lecture devant toi ;)
SupprimerBonjour
RépondreSupprimerje découvre votre blog via cultive ton jardin. j'ai une question: comment fait on pour avoir un blog neutre en carbone. Bonne journée
Réponse directe sur ton blog ;)
SupprimerAlors là tu m'as carrément donné envie de lire le livre.
RépondreSupprimerMoi qui ne savais pas comment rédiger une critique dithyrambique ! Je suis ravie ;)
RépondreSupprimer