mardi 9 août 2011

Arnaldur Indridason : La femme en vert

Arnaldur Indridason : La femme en vert (Métailié)

"Dans une banlieue de Reykjavik, au cours d'une fête d'anniversaire, un bébé mâchouille un objet qui se révèle être un os humain.
Le commissaire Erlendur et son équipe arrivent et découvrent sur un chantier un squelette enterré là, soixante ans auparavant. Cette même nuit, Eva, la fille d'Erlendur, appelle son père au secours sans avoir le temps de lui dire où elle est. Il la retrouve à grand-peine dans le coma et enceinte. Erlendur va tous les jours à l'hôpital rendre visite à sa fille inconsciente et, sur les conseils du médecin, lui parle, il lui raconte son enfance de petit paysan et la raison de son horreur des disparitions.
L'enquête nous est livrée en pointillé dans un magnifique récit, violent et émouvant. Une femme victime d'un mari cruel qui la bat, menace ses enfants et la pousse à bout. Un Indridason grand cru !"

Prix Clé de Verre 2003 du roman noir Scandinave, Prix CWA Gold Dagger 2005 (Grande-Bretagne) et Grand Prix littéraire des lectrices de Elle 2007.

Un roman passionnant qui vous retourne les tripes !
Le sujet en est autant la violence conjugale physique que la destruction morale d'un être humain par un autre. Malgré la tristesse et le tragique de l'histoire, j'ai été happée par les premières pages et n'ai pu le lâcher avant d'en savoir la fin.
Ce livre m'a tellement remuée que j'ai du mal à en écrire une critique cohérente, pour la peine. Probablement parce que j'ai connu moi-même des femmes battues. L'auteur nous décrit tous les mécanismes qui font qu'un homme puisse arriver à écraser sa femme, avec la complicité de la société qui ne bouge pas vraiment pour lui venir en aide, que ce soit à l'époque où se déroule l'histoire du roman (seconde guerre mondiale) qu'à l'époque contemporaine de l'enquête.
Bluffant, marquant, inoubliable. Un des meilleurs romans policiers que j'aie jamais lus.

Extraits :

"Son existence tout entière était organisée autour de son mari. De ses petites manies, de la façon dont elle devait le servir. Elle cessa de s'occuper d'elle-même. Cessa de se laver régulièrement. Cessa de soigner son apparence. Des cernes se dessinèrent sous ses yeux, la peau de son visage se distendit et son teint devint grisâtre, ses épaules tombèrent et sa tête s'affaissa sur sa poitrine, comme si elle redoutait de lever les yeux normalement. Sa belle chevelure épaisse perdit sa vie et sa couleur et se retrouva, sale, plaquée sur son crâne. Elle se coupait elle-même les cheveux avec des ciseaux de cuisine quand elle les trouvait trop longs.
Ou bien quand il lui disait qu'ils étaient trop longs. A cette espèce de grosse vache."

"- On dit que le temps guérit toutes les blessures, dit le médecin, croyant voir qu'Erlendur détournait le regard. Cela s'applique tout autant au corps qu'à l'âme.
- Le temps, répondit Erlendur en replaçant le drap sur l'enfant, il ne guérit pas la moindre blessure."

"- J'avais juste envie de te voir, interrompit-elle. J'avais juste une putain d'envie de voir de quoi tu avais l'air.
- Et alors, j'ai l'air de quoi ? demanda-t-il.
Elle le fixa du regard.
- D'un pauvre type, répondit-elle.
- Bon alors, nous ne sommes pas très différents l'un de l'autre, rétorqua-t-il.
Elle le dévisagea un bon moment et il eut l'impression qu'elle souriait."

"Voilà un mot bien édulcoré pour décrire l'assassinat d'une âme. Un terme politiquement correct à l'usage des gens qui ne savent pas ce qui se cache derrière. Vous savez ce que c'est, de vivre constamment dans la terreur ?"


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