"Tout travail devient dur au milieu de la cinquantaine et encore plus au début de la soixantaine. Regardez un homme devant son marteau-piqueur à 55 ans, il devrait déjà être en retraite, car il n’a plus beaucoup d’espérance de vie. Une infirmière devra t elle encore travailler dans sa 62° année et mettre ses lunettes pour chercher la veine dans votre bras après avoir couru 42 ans dans les couloirs de l’hôpital ? Un instituteur devra t il faire sa 42 ° rentrée en septembre entouré de ses 35 gamins de 7 à 8 ans ? Dans ce cas, son dynamisme ne sera sûrement plus le même qu’au début de sa carrière. La femme de service du restaurant d’entreprise a du mal à pousser ses chariots alors qu’elle n’a que 56 ans. Le chauffeur a le dos abîmé, et le garçon de café des phlébites à partir de la cinquantaine. Il y a 3,6 millions de salariés qui travaillent de nuit, 14,3% 5 millions de salariés ont des horaires atypiques ou postés (2 X 8, 3 X 8, 4 X 8, 5 X 8). Un salarié sur 5 est soumis à des ports de charges élevés, et des gestes et postures invalidants : 85 % des maladies professionnelles sont des « TMS » (troubles musculo-squelettiques). Entre 50 000 et 70 000 cancers d’origine professionnelle existent, souvent non reconnus, et il y a 100 000 morts par l’amiante. Tous les secteurs sont à risque, même les bureaux bien sûr : stress, objectifs inatteignables, cadences forcenées sont hélas, fréquents, et il y a encore eu 5 suicides à France Télécoms/Orange dans les 15 derniers jours. Ce ne sont plus les « coups de grisou » qui tuent comme au temps de Zola, mais les accidents cardiaques et vasculaires, il y en aurait 180 000 par an dont la moitié seraient liés au travail. Entre 55 et 60 ans, 2 maladies sur 5 sont dues au travail et 3 sur 5 après 60 ans.
Nous voler les années entre 60 et 62 ans, c’est nous voler les plus belles années de bonheur à la retraite, cela revient à se faire piller l’équivalent de 104 cinquièmes semaines de congés payés et de 24 « grandes vacances ». Et le résultat serait de faire reculer l’espérance de vie car celle-ci est largement due à la retraite à 60 ans.Si on travaille plus longtemps on vivra moins longtemps."
Pour parler de mon cas personnel : je suis bibliothécaire. A votre avis, travail pas pénible, intéressant même ! Dans ma bibliothèque, nous sommes nombreux à être atteints de troubles musculo-squelettiques, notre travail en service public s'apparente complètement à celui des caissières : manipuler beaucoup de choses et affronter moralement les reproches du public qui fait retomber sur nous notre manque de moyens, de budget, de personnel. Sans parler du poids des livres et les postes de travail pas ergonomiques pour deux sous (maux de dos). Prenez par exemple un boîtier de DVD ou de CD neuf : ouvrez-le. Ca résiste un peu ? Nous ouvrons et manipulons des boîtiers de ce genre des centaines de fois par jour pour voir si l'intérieur correspond bien à la pochette. J'ai toujours bricolé, crocheté, jardiné, brodé et jamais ça ne m'a fait mal aux mains, ou alors seulement des douleurs temporaires. Après seulement 1 mois d'introduction de DVD dans notre bibliothèque (devenue de façon plus chic une médiathèque), arthrose de la main gauche. Quand votre main vous fait mal, vous avez tendance à reporter le poids sur une autre partie de votre corps : résultat, douleurs quotidiennes dans l'épaule droite. On nous demande de plus en plus de choses et on nous donne de moins en moins de moyens pour les accomplir, d'où une grande frustration à la fois professionnelle et dans nos relations avec le public.
J'ai 4h de trajet par jour. C'était une sorte de choix de partir en province tout en continuant à travailler à Paris, vous croyez ? Entre être coincés à 4 dans un petit cagibi de banlieue humide et dans l'insécurité que représente Bobigny ou un trajet plus important permettant une vie meilleure à nos enfants, nous avons préféré partir plus loin pour habiter mieux. J'adorerais trouver du travail près de chez moi, mais il n'y en a pas, on ouvre des médiathèques, oui, mais en prenant du personnel existant dans d'autres bibliothèques. Donc, pas de poste et pourtant je ratisse large dans mes recherches géographiquement parlant.
Et c'est quoi la pénibilité du travail ? Ne pas être complètement impotents et malades quand on arrivera à la retraite, c'est un avantage ? Un travail physique est pénible, le stress d'un bureau est pénible, travailler avec ou sous les ordres d'un con est pénible et ne se mesure pas ! Notre vie entière doit être vouée au travail ? 2 à 7 ans de notre vie volés, ce n'est rien ? Même si j'aime mon métier pour lui-même, j'aspire à la retraite avec une intensité que vous n'imaginez pas ! Ou si, peut-être. Pour moi, la retraite, c'est une porte de sortie, la liberté que je n'ai pratiquement pas connue, un souffle d'air, l'espoir. Si on me retire l'espoir, pourquoi continuer ? Pour qu'on continue à diminuer les recettes de tous au profit des riches ? Pour qu'on trouve de l'argent pour les banques, pour les parachutes dorés, pour des Rollex mais pas pour nous ? Pour que les bénéficiaires de niches fiscales, de dividendes puissent vivre avec encore plus d'argent dont ils n'ont pas besoin ? La France n'a jamais été aussi riche ! Où donc passe l'argent ? Dans les chèques de remboursement d'impôts qu'on signe à des gens comme les Bettencourt ? On leur rembourse de l'argent, on leur crée des passe-droits alors que moi qui paye des impôts ai tellement de mal à boucler mes fins de mois bien avant la fin du mois ?
Halte ! Je veux ma retraite ! Je l'ai méritée, je l'ai gagnée, j'ai travaillé pour ça, l'argent existe pour la financer. Que ceux qui veulent travailler plus longtemps puissent le faire s'ils le désirent, mais je veux avoir le DROIT de partir à 60 ans sans faire la manche ! Halte au métro - boulot - tombeau !
Gasp ! doit-on comprendre que tu es en grève ? (stune blague, pas taper !)
RépondreSupprimerGlobalement, je suis d'accord avec toi. Mais il y a toujours des petites différences, bien entendu. Par exemple je pense que si, c'est un choix d'avoir 4h de trajets par jour. Un choix pénible et par élimination, mais un choix (dans le même ordre d'idée, nous, on a fait celui de partir vivre en province en baissant drastiquement nos revenus il y a 5 ans -qui ont été alors bien inférieurs au RMI-... même dur parfois et/ou sous certains angles, ça reste un choix).
Pas d'acc non plus sur les niches fiscales. Actuellement, les niches qui sautent, ce sont celles des jeunes mariés, des étudiants boursiers, etc. Tu parles de niches quand, comme tu dis, on en rembourse d'autres richissimes juste parce qu'ils ont fait de gros dons ponctuels à l'UMP !!!!
Attention aussi en citant l'amiante, car les travailleurs de l'amiante peuvent partir plus tôt déjà (depuis 11 ans en fait, je le sais mes parents en ont bénéficié dès que la loi est sortie, ils avaient 50 ans) et ne seront pas concernés par cette mesure, sinon qu'ils passeront de leur "retraite amiante" à leur retraite ordinaire un peu plus tard. Dans les faits, ils auront arrêté de travailler, même si la "compensation amiante" est toujours moins élevée que la retraite.
Mais ces petits désaccords de vocabulaire ou de principe ne changent rien au fait que la retraite trop tard, c'est une très mauvaise idée, à tous points de vue ! (même à celui du budget, à moyen et long terme, contrairement à ce que croit ce gouvernement pour qui le "long" terme, c'est le bout de son dernier poil de nez...)
L'amiante, c'est Filoche qui en parle et j'ai cité son passage sans le couper. Le choix... que j'ai fait, je ne le considère pas totalement comme un choix (il y a des raisons dont je ne parlerai probablement jamais sur ce blog), mais je fais avec pour l'instant. A long terme, je ne sais pas dans quel état je serai, mais bon...
RépondreSupprimerEn ce qui concerne les niches fiscales, celles dont tu parles sont celles qu'on nous cite actuellement, mais si on considère la dette de la France depuis l'élection du p'tit nerveux, elle a pratiquement doublé, en grande partie à cause de cadeaux fiscaux faits aux riches. Il faut que je retrouve mes sources !
oui oui je suis d'accord, mais pour moi ça n'est pas ce qu'on appelle les "niches", juste des cadeaux fiscaux (c'est bien pire !). M'enfin c'est juste une question de vocabulaire.
RépondreSupprimerC'est dommage pour l'amiante (j'avais vu que tu citais, mais comme c'était sans couper, justement, je pensais que c'était pour approbation), c'est avec ce genre de petites erreurs qu'on se décrédibilise...
Pour info l'origine du mot travail veut dire esclavage...tout est dit...! Tant quel'on passe notre vie à la gagner on est moins occupés à réflechir et donc plus dociles...
RépondreSupprimerC'est certain Chacha, et même si j'aime mon métier pour lui-même, j'apprécierais qu'on n'essaie pas de le transformer en commerce rentable.
RépondreSupprimerTiens, Plouf, un lien pour des niches fiscales (il paraît qu'il y en a 416 ?) : http://www.journaldunet.com/economie/les-dix/niches-fiscales/
Quand Filoche parle de l'amiante, il en parle moins au sujet de la retraite que pour affirmer que le travail peut tuer ou blesser, c'est en tout cas ce que j'ai compris à la lecture de son article ;)
entièrement d'accord avec toi!
RépondreSupprimeril y a des niches qui ne profitent vraiment qu'aux riches: investissements en DOM-TOM, dons aux partis, exonérations diverses ...
et il y a le bouclier fiscal qui est en plus!
Je suis tout à fait d'accord avec toi.
RépondreSupprimerLa retraite, j'y crois à peine alors mon but dans la vie, c'est de travailler le moins possible en me faisant plaisir le plus possible.
J'y arriverai ou pas, l'avenir le dira...