jeudi 15 septembre 2011

Arnaldur Indridason : La rivière noire

aux éditions Métailié (2011)

"Dans un appartement à proximité du centre-ville, un jeune homme gît, mort, dans un bain de sang. Pas le moindre signe d'effraction ou de lutte, aucune arme du crime, rien que cette entaille en travers de la gorge de la victime, entaille que le légiste qualifie de douce, presque féminine. Dans la poche de sa veste, des cachets de Rohypnol, la drogue du viol... Il semblerait que Runolfur ait agressé une femme et que celle-ci se soit ensuite vengée.
Un châle pourpre trouvé sous le lit dégage un parfum puissant et inhabituel d'épices, qui va mettre Elinborg, l'adjointe d'Erlendur et cuisinière émérite, sur la piste d'une jeune femme. Mais celle-ci ne se souvient de rien, et bien qu'elle soit persuadée d'avoir commis ce meurtre rien ne permet vraiment de le prouver. Des indices orientent les inspecteurs vers d'autres sévices soigneusement tenus secrets.
En l'absence du commissaire Erlendur, parti en vacances, toute l'équipe va s'employer à comprendre le fonctionnement de la violence sexuelle, de la souffrance devant des injustices qui ne seront jamais entièrement réparées, et découvrir la rivière noire qui coule au fond de chacun."

Un roman olfactif !
Et mené par l'enquêtrice Elinborg, cette fois-ci, Erlendur étant parti en vacances dans les fjords de l'Est (même qu'on s'inquiète parce qu'il semble avoir disparu).
Ce roman traite du viol, et pas n'importe quel viol, celui commis sous Rohypnol, la fameuse drogue des violeurs qui prive les victimes de toute mémoire de l'acte, seule la souillure de l'acte restant et bouleversant le reste de leur vie et celle de leur famille. Ce roman frappe d'autant plus qu'il n'y a pas de scène ostensiblement violente, le crime étant perpétré lorsque la victime dort.
Elinborg, très impliquée, mène l'enquête avec beaucoup de finesse et d'instinct, tout en se préoccupant pour sa vie de famille, particulièrement pour ses enfants.
Les deux derniers romans d'Arnaldur sont moins frappants que les premiers, mais ils restent néanmoins très prenants.
Et maintenant, tout est mis en place pour une suite dont il va falloir attendre la publication en France, patience, patience...

Quelques extraits :
"J'avais honte d'avoir été violée. J'ai tout de suite compris ce qu'il m'avait fait. Je trouvais... cela me faisait honte. Je voulais que personne ne l'apprenne. Je ne voulais le dire à personne. Je trouvais cette chose-là tellement abjecte et dégoûtante. J'ai vu le préservatif sur le sol. Je me suis imaginée ce qu'allaient dire les gens. Et si c'était moi qui lui avais fait des avances ? Et si je portais ma part de responsabilité ? Et si c'était entièrement ma faute ? Etait-ce moi qui avais appelé cette chose-là sur nous ? "
"Qu'est-ce que je pouvais faire ? Qui allait nous aider à nous battre contre ce monstre ? Cela aurait-il servi à quoi que ce soit de le voir aller en prison pour quelques mois ? Ces choses-là ne sont pas graves, Valdi. En tout cas, elles ne le sont pas dans l'esprit de ceux qui nous gouvernent. "

Plus je lis de polars nordiques, plus je suis frappée par le mépris des violences faites aux femmes dans ces sociétés. Une femme battue ? Dans les années 50/60, ce n'était même pas la peine qu'elle aille porter plainte, aucune suite n'aurait été donnée et d'après ce que j'ai lu, ce n'est pas tellement mieux à notre époque. Une femme violée ? Le violeur, si jamais il échoue en prison - ce qui n'est pas certain, écope au plus d'une peine d'1 an ou 2.
Ce que je retiens des romans d'Arnaldur, c'est l'image d'une société très paisible et plate en apparence alors que la violence grouille par en-dessous. Les intrigues ne sont pas spectaculaires, mais la société est attaquée sous différents angles problématiques et les personnages très fouillés.

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