jeudi 20 janvier 2011

Gérard Mordillat

"Des vivants et des morts", Calmann-Lévy, 2004

"Lui, c'est Rudi. Il n'a pas trente ans. Elle, c'est Dallas. Bien malin qui pourrait dire pourquoi tout le monde l'appelle comme ça. Même elle a oublié son nom de baptême... Rudi et Dallas travaillent à la Kos, une usine de fibre plastique. Le jour où l'usine ferme, c'est leur vie qui vole en éclats, alors que tout s'embrase autour d'eux. A travers l'épopée d'une cinquantaine de personnages, Les Vivants et les Morts est le roman d'amour d'un jeune couple emporté dans le torrent de l'histoire contemporaine. Entre passion et insurrection, les tourments, la révolte, les secrets de Rudi et de Dallas sont aussi ceux d'une ville où la lutte pour la survie dresse les uns contre les autres, ravage les familles, brise les règles intimes, sociales, politiques. Dans ce monde où la raison financière l'emporte sur le souci des hommes, qui doit mourir ? Qui peut vivre ?"

Lorsque j'ai commencé ce roman, j'ai pris un peu de distance avec l'écriture scénaristique, ça me gênait après avoir lu Katherine Mosby dont le style est complètement différent (je posterai une critique dès que je le pourrai...).
Par contre, une fois habituée, il m'a été très difficile de lâcher ce gros bouquin de 647 pages dont le sujet est toujours d'une actualité brûlante. Quelques personnages m'ont paru assez caricaturaux voire superflus, mais à part ça, je me suis laissée emporter par l'histoire de ces ouvriers luttant pour leur dignité même si l'issue de leur combat est prévisible. En arrivant à la manifestation finale, entre dormir et finir le livre, j'ai préféré lire, pas possible de le reposer avant de savoir comment tout ça se terminait ! Par certains côtés, ce roman a presque les traits d'un documentaire. En tout cas, il est passionnant et m'a donné envie de découvrir d'autres écrits de Mordillat.

Ce livre a été adapté par Gérard Mordillat lui-même pour la télévision. Je ne l'ai pas vu (je n'ai pas la télé), mais je vous ai trouvé un mini-reportage sur le sujet :
clic.

Un extrait qui me parle beaucoup :
« L’autre jour, il m’a traité d’esclave et cela m’a mis très en colère. Comment pouvait-il me traiter d’esclave ? Comment pouvais-je être un esclave ? J’ai du travail ; mais c’est vrai que ce travail me permet seulement d’assurer ma survie pour que je puisse continuer à travailler ; je suis propriétaire de ma maison ; mais c’est vrai que je ne le suis qu’en apparence, en réalité, c’est la banque qui l’est ; je suis libre d’aller où bon me semble ; mais ça, ce n’est vrai qu’en théorie car j’ai pas un sou vaillant pour me déplacer ; j’ai la liberté d’expression, mais chacun sait que s’exprimer publiquement sur l’entreprise qui vous emploie c’est ouvrir soi-même la porte d’où on vous poussera dehors. Lorquin avait raison. Tout ce qu’il disait était vrai : j’étais un esclave, je suis un esclave, nous sommes des esclaves. »

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