mercredi 16 janvier 2013

Michel Melot : La sagesse du bibliothécaire

Aux éditions L'oeil neuf, 2004.

"Le bibliothécaire aime les livres comme le marin aime la mer. Il n'est pas nécessairement bon nageur mais il sait naviguer. L'océan du savoir qui grise tous les savants, rend modeste le bibliothécaire. La bibliothèque est ce lieu indispensable où le savoir décante. Regardez comme cet océan furieux se calme dans la bibliothèque ! Le bibliothécaire sait lire les livres sans les ouvrir. Son regard transperce
les couvertures. Il visite la page de titre, l'auteur, les éditeurs, va directement au colophon, relève la date, le format,
le nombre de pages, s'attarde sur la table des matières, vérifie s'il y a des index. Il évalue enfin sa robustesse et la qualité de son papier, celle de sa mise en page et de son impression.
Tout est dit. Si les auteurs savaient cela, ils feraient de faux livres uniquement pour les bibliothèques."


Dans ce court essai, Michel Melot nous présente avec brio les complexités et les beautés d'un métier apparemment simple, celui de bibliothécaire (le mien). Retraçant l'historique du livre et des bibliothèques, comparant différents types de bibliothèques dans le monde, il décrit la complexité du classement, comment faire au mieux pour que le livre trouve son public, rappelle combien les bibliothécaires sont des êtres méconnus et nous raconte même comment un aveugle peut diriger une bibliothèque !
Un bel hommage à ma profession. 


Citations :

"Naguère, on caricaturait le bibliothécaire sous les traits d'une personne introvertie, un peu négligée et peu amène. Le souci de plaire au public a modifié ce cliché. Le bibliothécaire contemplatif a vécu : il est entré dans le siècle. Beaucoup trouvent encore cette profession douteuse et, sur mon livret militaire, je suis enregistré comme "bichotécaire" tant le mot même est peu familier à certains. Un boulanger, un maçon, un architecte ou un médecin, on connaît, mais à quoi servent les bibliothécaires ?"

"La bibliothèque reste un service pour tous où chacun doit pouvoir se sauver tout seul. Le bibliothécaire ne prend la place de personne, ni du père, ni du professeur, ni du patron. Pour le lecteur, il ne doit être qu'une présence, un regard, une oreille attentive. Il doit savoir lui dire sans dureté ni compassion qu'il ne fera pas la route à sa place. Au lecteur impatient, le bibliothécaire répond : "Non, je n'ai pas la réponse à votre question. Mais vous en trouverez ici plusieurs parmi lesquelles vous trouverez peut-être la vôtre". Le lecteur est un Sisyphe que le bibliothécaire doit rendre heureux."

"A un sociologue qui enquêtait sur la satisfaction des lecteurs et qui leur demandait s'ils trouvaient ce qu'ils cherchaient, l'un d'eux répondit : "Moi, je cherche ce que je trouve." Au sociologue intrigué, qui croyait à un lapsus, le lecteur confirma sa joie de trouver sur les rayonnages ce qu'il ne pouvait pas chercher, puisqu'il en ignorait l'existence, mais qui répondait à des questions qu'il n'avait jamais pensé se poser de lui-même."

Voici ma première critique de l'année, j'essaie de remettre le pied à l'étrier, aussi, ne soyez pas durs !

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